Historique

Pourquoi une campagne sur le respect ?

Je tenterai de vous dire en quelques mots les raisons qui m'ont incité à m'imprégner si profondément du sujet. Dans tous les cas, je forme le voeu qu'il vous sensibilisera autant qu'il m'a sensibilisé.

Ainsi donc, dès le début de mon mandat de maire, en décembre 1999, j'ai été heurté – pour ne pas dire plus – par les effets négatifs des innombrables "incivilités" – terme très à la mode s'il en est – incivilités commises par des membres de la population, du plus jeune au plus ancien. Des incivilités verbales, physiques, comportementales, matérielles, économiques, etc.

Parallèlement à cela, intéressé et attentif à la politique française, j'ai également constaté que les traitements curatifs sensés contrer les incivilités les plus graves, des traitements fortement souhaités par la population de ce pays lors des récentes campagnes électorales et entrepris aussitôt par les nouveaux élus, n'ont en réalité que peu d'effets sur la fréquence et la gravité des incivilités en question.

Parmi ces traitements de choc, notons au passage l'instauration dans certaines communes ou banlieues d'un couvre-feu, un terme que nous pensions ne plus avoir à prononcer sous nos latitudes depuis que la dernière guerre a baissé son rideau.

De plus, très paradoxalement, ces mesures relèguent nos vaillants entrepreneurs de la volonté populaire, et parfois populiste, dans le camps des "fascistes" et des "réactionnaires": on ne fabrique ainsi que des perdants. Et pendant ce temps, les incivilités les plus anodines, celles que "Monsieur Tout-le-monde" commet au quotidien, ne sont toujours pas touchées par ces mesures drastiques...

Je pense par exemple au comportement de sportifs envers les arbitres, d'élèves envers leurs enseignants, de propriétaires de chiens envers nos pelouses et les enfants qui s'y roulent, d'enfants par rapport à leurs parents, d'automobilistes entre eux, de contrevenants face au gendarme, des sprayeurs fous face à un mur encore vierge, etc.

Au vu de l'état d'impuissance des pouvoirs publics envers une situation qui les dépasse et nous choque tous par la même occasion, avant que le mal ne s'installe trop profondément et n'incite les victimes à faire justice elles-mêmes, la pire des choses, le temps de réfléchir à la question me semble venu. Ainsi, je suis convaincu qu'une part de la solution à ce problème réside dans la discussion entre générations, entre administrateurs et administrés, entre ceux qui décident et ceux qui appliquent les décisions.

Il est temps de dissiper un brouillard qui nous arrange bien (on appelle ça la politique de l'autruche) et de prendre conscience que le chemin emprunté par une tranche de la population mène la société vers son asphyxie: je le répète, le temps est venu d'interpeller fermement la population à ce sujet, avant qu'elle ne le fasse sévèrement à notre égard, avant qu'elle nous rappelle à l'ordre, en bref, rendez-vous doit être pris avec la rue, avec le sport, avec l'école, avec la société civile.

Fort de ces quelques convictions, le soir du 1er août 2002, plutôt que soliloquer sur le promontoire que m'offre la fonction de maire chaque année à pareille époque – entre Gamay et soupe au légumes – plutôt que d'être entendu uniquement par les Avusiens les plus polis, j'ai préféré leur émettre de vive voix une proposition: celle d'entrer de plain-pied, ensemble, dans une campagne appelée: "le respect ça change..." Et j'ai été très étonné !